Le Déterrage

Le déterrage – ou petite vènerie ou vènerie sous terre – est une forme de chasse particulièrement abjecte. Ces chasseurs, appelés déterreurs, insèrent des chiens dans un terrier (principalement de blaireau ou de renard) et leur rôle est d’acculer l’animal sauvage. Pendant ce temps, les déterreurs creusent à l’aide de pioches et de pelles en direction des aboiements, puis, ils « arrachent » du terrier les malheureuses bêtes généralement avec des pinces métalliques. Elles sont alors torturées avant d’être abattues à l’arme blanche, à coup de pelle ou de fusil.

Dans ces cas-ci, il se peut qu’il y ait une portée, ce qui ne dérange nullement les chasseurs. En effet, les blaireaux sont déterrés du 15 mai au 15 janvier, et les déterrages ont lieu toute l’année pour le renard et le ragondin (s’ils sont classés nuisibles). La majorité des déterrages se produisant entre les mois de mars et de juin, il arrive très souvent que les déterreurs trouvent une femelle avec sa portée, qui est donc également détruite sous les rires et les quolibets aussi incroyable que cela puisse paraître. C’est d’ailleurs souvent le but recherché par les déterreurs…

Une pratique très cruelle

Une capture lente et angoissante : Un déterrage se déroule soit le matin, soit l’après-midi, voire même pendant toute une la journée. Cela signifie que pendant plusieurs heures l’animal stresse, bloqué dans son terrier.

Bloqué et mordu par les chiens : Pendant que les déterreurs creusent, l’animal doit être acculé durant plusieures heures au fond du terrier par un chien. Il arrive souvent que des combats violents aient lieu. Parfois, plusieurs chiens mordent et tirent chacun de leur côté et l’animal finit par avoir les yeux exorbités de douleur, et les entrailles qui lui sortent du ventre.

Saisie violente avec une pince : Il est très fréquent que l’animal soit retiré de son terrier avec des pinces métalliques le saisissant au niveau du cou, du museau ou de la patte.

Mise à mort douloureuse : Les renards et blaireaux adultes sont la plupart du temps tués avec une dague ou un couteau. Le coup fatal est rarement le premier et l’animal se débat et crie de douleur pendant plusieurs dizaines de secondes. Quant aux renardeaux ou blaireautins, les déterreurs ont pour tradition de les tuer à coup de pelles ou de talons, s’ils n’ont pas été tués par les chiens.


Témoignages :

« Trois, quatre heures passent. C’est aux aboiements des chiens que les déterreurs devinent que l’animal traqué, harcelé, n’est plus qu’une loque.

« Alors, ils ouvrent le terrier avec une pelle et saisit au bout d’une longue pince l’animal, déchiqueté, souillé de terre et de sang. 

« Une renarde qui ose encore se cabrer, yeux exorbités par la douleur, avec sans doute, l’effroyable pensée de ses petits livrés à l’ennemi. Ils l’achèvent d’un coup de pistolet en même temps que sautent les bouchons de champagne. Quant aux renardeaux, tradition oblige, un bon coup de talon leur écrase la tête, » Paule Drouault.

« La renarde et ses renardeaux ont été tués à coups de pelles et de pioches devant de jeunes enfants assistant à cette exécution », témoignage reçu au ROC.

Pendant la période de reproduction

Les déterrages de renards ont lieu entre mars et juin pour la plupart, or c’est la pleine période de reproduction des renards. Idem pour le blaireau, où les déterrages se pratiquent généralement en mai/juin. Ainsi, ce sont des portées entières qui sont exterminées par les déterreurs.

Une nuisance pour la faune

Il est fréquent que les terriers des blaireaux soient partagés avec d’autres animaux. En effet, cet animal cohabite pacifiquement avec d’autres espèces dont certaines sont protégées. C’est par exemple le cas du chat forestier, où chaque année des portées entières de chatons sont sans doute tuées par les chiens à l’intérieur des terriers. Des naturalistes ont déjà observé des loutres (espèce rare et également protégée) vivant avec des blaireaux. Des scientifiques ont également constaté, à plusieurs reprises, qu’une espèce de chauve-souris (menacée) peut vivre dans les calcaires des terriers de blaireau. Il y a également certaines espèces de mustélidés (aussi en diminution) qui logent avec les blaireaux.

Ainsi, le déterrage nuit donc aussi à de nombreuses autres espèces que celles chassées. Il peut mettre en péril l’avenir de la faune, car beaucoup d’espèces rares et menacées cohabitent avec les blaireaux.

Des championnats de déterrage

Alors que l’Europe prend une direction plus éthique et écologique, les chasseurs français organisent chaque année des concours de déterrage. Durant plusieurs jours, des centaines de déterreurs accompagnés de leurs chiens vont pouvoir s’amuser à exercer leur passion sanguinaire en déterrant plusieurs dizaines de terriers. Cette pratique est en elle-même une horreur, mais les chasseurs poussent l’absurdité jusqu’à en faire une fête, un concours, un championnat !

Les déterreurs et les chiens sont évalués suivant leur rapidité, leur efficacité et sur la qualité de leur travail…

De plus, ces concours ont souvent lieu en mai, alors que les jeunes ne sont pas encore sevrés.

Aussi, le blaireau est une espèce fragile ayant une dynamique de reproduction très faible. Cela signifie que ces régions, où des dizaines de terriers sont déterrés, auront une densité de blaireaux très faible pendant de nombreuses années.

Un tel acharnement sur ces animaux est inadmissible, nous ne pouvons pas accepter que l’on fasse de cette pratique, cruelle et néfaste pour la faune, un « championnat ».

Note : une modification récente de la législation semble avoir interdit les concours de déterrage, mais a introduit la notion de « journée de formation » en remplacement

Le blaireau, espèce menacée, protégée dans la plupart des autre pays


Le blaireau est une espèce très fragile. Ces effectifs sont en diminution dans de nombreuses régions, en dépit du fait que cette espèce s’autorégule naturellement et ne puisse donc proliférer. La plupart des autre pays ont compris la nécessité de la protéger et les blaireaux ne sont pas chassables : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Grèce, l’Irlande, le Portugal, etc.

Mais visiblement, cela n’a pas l’air d’inquiéter les chasseurs français, qui continuent à les détruire, et qui vont même jusqu’à demander son inscription dans la liste des animaux « nuisibles ».

Le blaireau doit obtenir le statut d’espèce protégée.

Nous demandons l’interdiction immédiate du déterrage !