Le Renard

Pourvu d’un pelage roux dont la teinte peut varier selon le lieu ou la saison, le renard roux est un animal essentiellement nocturne, qui peut néanmoins sortir le jour dans les endroits calmes ou lors de la période du nourrissage des jeunes.

Caractérisé par une grande capacité d’adaptation, il vit dans des milieux très divers et se rencontre jusqu’à 2 500 m d’altitude. Bien que le renard soit un carnivore, il consomme jusqu’à 20% de nourriture végétale (fruits, baies, champignons…) et mange également des insectes et des invertébrés (vers de terre, escargots…). Les petits rongeurs constituent l’essentiel de son régime alimentaire (70 à 80%).

Le renard occupe une place importante au sein de l’écosystème. En tant que prédateur, il est un acteur précieux de la chaîne alimentaire et joue un rôle indispensable. Les scientifiques C. Rivals et M. Artois rappellent qu’il procède à « l’élimination des animaux faibles, malades ou morts, évitant pullulations et épidémies. Son rôle de « policier sanitaire » a été maintes fois souligné ». Cette sélection contribue à l’assainissement des populations des autres espèces ainsi qu’à la conservation de leur qualité génétique. En outre, il limite efficacement le développement des petits rongeurs (mulots, campagnols…), dont il est un grand consommateur.

La proportion de femelles gestantes et le nombre de petits par portée dépendent des ressources alimentaires présentes et des territoires disponibles. La mortalité des renardeaux est élevée : 50 à 85% d’entre eux meurent avant la fin de la 1ère année, du fait de leur imprudence, mais également lorsque surviennent des conditions météorologiques moins favorables ou un manque de nourriture. Les taux de natalité et de survie sont donc directement liés aux ressources alimentaires. La densité des renards est proportionnelle à celle de leurs proies et les populations des renards sont ainsi naturellement équilibrées.

Cela a été confirmé par des chercheurs de l’Université de Bristol qui ont mesuré l’impact de l’arrêt de la chasse et du piégeage. Un protocole de décompte des déjections de renards a permis de comparer les densités et cela leur a permis de démontrer que, contrairement aux proclamations du monde cynégétique, l’arrêt de la destruction des renards n’avait pas été suivi d’une augmentation de leur population.

« Pour le chasseur, le renard est un destructeur de gibier et de volaille, donc un ennemi que l’on cherche à anéantir par tous les moyens », extrait de la fiche « renard » du site chassepassion.net.

S’il est un animal suscitant une véritable haine chez les chasseurs, il s’agit bien du renard ! Ils lui reprochent d’oser manger « leur gibier ». Ainsi, chasseurs et piégeurs s’emploient activement à éliminer les renards, toute l’année et de manière souvent cruelle (tirs de jour comme de nuit, enfumage, déterrage, piégeage, etc.). 

Si maître renard mange à l’occasion une perdrix ou un lapereau imprudent, comme le veulent les lois de la nature, il s’en prend avant tout à quelques-uns des 20 millions d’animaux (faisans, perdrix, lièvres…) annuellement élevés et lâchés dans la nature par les chasseurs (afin d’avoir suffisamment de cibles vivantes et de s’assurer de « tableaux de chasse » satisfaisants). Inadaptés à la vie sauvage, désorientés dans ce milieu naturel dont ils ignorent tout, ces animaux peuvent constituer en effet des proies faciles pour les renards, dont le rôle est justement d’éliminer les animaux présentant des comportements anormaux.

En réalité, le problème n’est donc pas le renard, mais l’aberrante insertion des animaux élevés par les chasseurs et lâchés dans la nature. La raréfaction du « petit gibier » est due aux actions conjuguées de l’agriculture intensive et de la pression inadaptée de la chasse, et non au renard.Le renard Chaque renard se nourrit annuellement de 3 000 à 10 000 petits rongeurs, lesquels sont réputés pour détruire les cultures. Il est ainsi un allié efficace de l’agriculteur et de l’éleveur, puisqu’en limitant les densités de rongeurs, il a également une action bénéfique sur les pâtures (où il contribue notamment à favoriser la pousse de l’herbe).

Depuis l’année 2001 qui a marqué une campagne de vaccination, la France est exempte de rage vulpine. La destruction, stratégie employée en premier lieu, s’était révélée inefficace et à l’origine d’une propagation accrue de la maladie. Il faut également noter qu’il n’y a eu aucun cas de transmission de rage d’un renard aux humains, tandis que la lutte menée par les chasseurs a été à l’origine de trois intoxications mortelles.

Dès 2002, soit quelques mois plus tard, les chasseurs mirent en avant une nouvelle maladie pour justifier la persécution de l’espèce : l’échinococcose alvéolaire. Cette maladie est désormais systématiquement évoquée dans le cas de la chasse aux renards, alors qu’elle est pourtant absente dans 75% des départements français et que les chats et chiens constituent une source de contamination bien plus importante que ces derniers. Il s’agit d’un petit ver plat vivant à l’intérieur de l’intestin de certains mammifères, dont les œufs sont éliminés par les excréments, et qui, chez l’humain, attaque différents organes dont le foie. Traitée, ce n’est plus une maladie mortelle. Le risque de contamination est existant dans le cas de la consommation de végétaux souillés par des déjections infectées.

Cependant, il existe des mesures relativement simples à mettre en place pour éviter efficacement la maladie : ne pas toucher les excréments, se laver les mains avant chaque repas, faire cuire/bouillir les aliments sauvages. Si vous vous situez dans une zone à risques (consultez la DDPP ou le site de l’ERZ), chats et chiens peuvent être vermifugés tous les six mois. Le seul moyen efficace pour lutter contre l’échinococcose alvéolaire est le dépôt d’appâts contenant un vermifuge.

En Allemagne, des appâts contenant du Praziquantel ont été déposés dans une région où 34% des renards étaient contaminés. Quatorze mois plus tard, seul 4% des renards étaient infectés. Ainsi, dans cette population de renards où plus d’un individu sur trois était atteint, seul un sur vingt-cinq l’était toujours après le traitement. Une campagne similaire pourrait être mise en place dans les zones où la maladie est présente en France et permettrait sans doute, en quelques années, d’éradiquer l’échinococcose alvéolaire.

Quant à la maladie de Lyme, il s’agit d’une maladie dont la fréquence augmente régulièrement en France comme partout en Europe continentale. L’homme est infecté lors d’une morsure de tique qui lui inocule la bactérie (Borrelia) responsable de la maladie. Les micro-mammifères tels que les campagnols et les mulots sont des hôtes-réservoirs pour les Borrelia. Une étude néerlandaise parue en juillet 2017 (Hofmeester et al.) démontre sans conteste que la présence du renard roux diminue le nombre de micro-mammifères et fait baisser leur charge en parasite. Un effet en cascade qui conduit à la diminution de la prévalence de la maladie de Lyme chez les humains.

Les conséquences positives de la présence du renard roux sur la santé publique devraient donc inciter nos gouvernants à le protéger. C’est pourtant le contraire qui a lieu. Sur la quasi totalité du territoire métropolitain français,  le ministère de l’Ecologie autorise le classement du renard, dans 90 départements, comme « espèce susceptible de causer des dégâts (ESOD) » ou « nuisible ».

D’après la circulaire ministérielle du 26 mars 2012, ce classement doit se justifier par au moins l’un des motifs suivants:

–  dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique
–  pour assurer la protection de la flore et de la faune
–  pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles
– pour prévenir des dommages importants à d’autres formes de propriété, sauf pour les espèces d’oiseaux

En l’occurrence, ce sont les préfets, par l’intermédiaire des DDT, qui transmettent au ministère un avis favorable pour le classement des renards dans la catégorie ESOD, invoquant les troisième et quatrième critères et s’appuyant sur l’argument d’une présence relativement abondante du renard soutenu par les chasseurs et lieutenants de louveterie. Les chasseurs fournissent alors avec un certain enthousiasme des déclarations de dégâts rédigées par des soit-disant victimes, éleveurs, particuliers et chasseurs eux-mêmes. Ces déclarations ne sont pas contrôlées par les services de l’état et ne sont pas fournies aux représentants des associations de protection de la nature qui siègent minoritairement dans la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS) en formation spécifique « nuisibles ».

Cette CDCFS se réunissait jusqu’à présent tous les trois ans afin de transmettre au ministère des informations. Le ministère de l’Ecologie à souhaité faire passer cette autorisation triennale à un délai de six ans.

Les chasseurs, en éliminant les renards, agiraient donc par altruisme,  pour protéger les éleveurs de volailles et les poulaillers de la prédation des renards sanguinaires ? Que nenni ! Si les chasseurs montent consciencieusement des dossiers à charge contre le  renard, c’est parce qu’ils reprochent à celui-ci d’être un concurrent  vis-à-vis du gibier et particulièrement celui fraîchement lâché la veille de l’ouverture de la chasse. Mais aussi parce que les chasseurs trouvent dans cette chasse « aux nuisibles » un attrait ludique qu’ils peuvent pratiquer absolument toute l’année.

Le renard, considéré comme nuisible, est alors chassé et piégé trois cent soixante-cinq jours par an, en période de gestation comme en période de nourrissage des renardeaux, en temps de neige comme de canicule, et même parfois de nuit.

« Des centaines de milliers de renards [entre 800 000 et un million] sont donc détruits chaque année en France sans la moindre justification scientifique, sanitaire ou économique. » (Denis-Richard Blackbourn)

Il faut noter qu’en France, on peut rencontrer à la campagne des poules errant sur les chemins, les routes ou leurs accotements, voire sur les terrains agricoles proches de bâtiments. Cela est illégal, selon les articles L211-19-1 et L211-20 du Code Rural qui interdisent la divagation des animaux domestiques. Ainsi, les propriétaires qui laissent leurs poules évoluer en toute liberté sont donc peu fondés à se plaindre du renard qui agit selon sa nature. Pour les particuliers ayant un poulailler, il suffit de vérifier le bon état du grillage du poulailler qui doit être enterré à une profondeur de 35 cm, et de rentrer les oiseaux chaque soir pour éviter tout problème. Ainsi, il est relativement facile de mettre ses poules à l’abri du renard, les attaques constatées sont liées à une négligence du propriétaire.

Concernant les élevages avicoles professionnels, les préjudices provoqués par les renards sont presque inexistants, car les oiseaux sont généralement placés dans des bâtiments fermés ou détenus dans des terrains très bien clôturés. Qui plus est, l’utilisation de répulsif est très efficace pour éloigner les renards des jardins ou potagers.

L’image d’un animal nuisible, dangereux et prolifique, entretenue par les chasseurs/piégeurs pour tenter de faire accepter leurs tueries, dont les motivations réelles sont tout autres, est infondée. Le renard est, au contraire, un animal utile. Il joue un rôle important au sein de l’écosystème et, par sa consommation de nombreux petits rongeurs, il est un allié précieux et indéniable du monde agricole. Les dommages qu’il peut commettre aux « volailles » peuvent être facilement évités.

Chaque année, en France, environ 800 000 renards sont tués par les chasseurs/piégeurs. Cette destruction organisée, qui s’apparente à une véritable extermination, est aussi irresponsable qu’injustifiée. Cela doit cesser. La chasse, condamnable pour des raisons éthiques, écologiques et de sécurité, n’a plus sa place dans notre société. Elle est en décalage avec les valeurs partagées par une majorité de citoyen·ne·s : le respect du vivant, la non-violence et la préservation de la biodiversité. La chasse doit disparaître et la gestion de la faune doit être confiée à des fonctionnaires au sein d’un organisme national, représenté par des instances départementales qui permettra d’établir dans une approche pacifique, les conditions d’une cohabitation harmonieuse entre les humains et la faune.