Le Blaireau


Cette espèce appartenant à la famille des mustélidés habite dans un terrier. Son régime alimentaire est essentiellement composé de vers de terre et végétaux (fruits, céréales, tubercules, champignons), et s’y ajoutent également quelques taupes, petits rongeurs et insectes. Il se nourrit de manière très occasionnelle d’un œuf ou d’un oisillon.

Il cohabite souvent avec d’autres espèces au sein du même terrier : renards, lapins, martres, parfois des chats forestiers, voire exceptionnellement avec des loutres. Ainsi, le déterrage des blaireaux, pratique de chasse cruelle et arriérée, est très perturbatrice pour la faune.

Commettent-ils des dégâts aux cultures ? Les dommages à celles-ci sont très minimes et souvent exagérés. Au contraire, les blaireaux aident les paysans en détruisant de nombreux vers blancs. De plus, la simple installation d’un fil à 15cm de hauteur empêche l’accès aux blaireaux, et les répulsifs se sont montrés très efficaces.

Affaiblissent-ils les terrains avec ses terriers ?  On lui reproche quelquefois d’affaiblir la stabilité des sols, alors que les terriers sont la plupart du temps creusés en forêt. Et s’ils demeurent gênants, il suffit simplement de faire fuir leur propriétaire en déposant des tissus imbibés de répulsif non toxique et de reboucher les trous. Il n’y a aucune nécessité de tuer l’animal. D’ailleurs, déterrer l’animal est absurde, car c’est cela qui abime et fragilise le lieu.

Se nourrissent-ils d’œufs et d’oisillons ? Des études montrent que la prédation sur les œufs et les oisillons est rare, mais si c’était le cas il s’agit de prédation naturelle, ce que les chasseurs préfèrent taire.

Proliférent-ils ? Les effectifs des blaireaux sont au contraire en diminution dans la plupart de nos régions et cette espèce possède un processus d’autorégulatio, donc elle ne peut pas proliférer :

« Le blaireau a une dynamique de population calme. Si on a une population théorique de 100 individus, elle va être constituée de 50 mâles, 50 femelles. On a constaté qu’en moyenne, 1/3 des femelles mettent bas chaque année. Sur cette population, on aura donc 16 femelles qui vont mettre bas chaque année, produisant chacune d’entre-elles en moyenne 2,5 jeunes, c’est-à-dire une production en jeune de 40 individus par année.

« Donc théoriquement, la population pourrait passer à 140 individus. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en moyenne 50% des jeunes meurent lors de la première année, ce qui réduit notre population à 120 individus. En retirant les individus adultes qui vont mourir naturellement (cela concerne 5 à 10 individus), on obtient une croissance potentielle de 5 à 10%.

« Mais cette croissance est purement théorique, et ne tient pas compte du fait que la mortalité routière a un impact assez important. Si on tient compte de la moyenne européenne au niveau de la mortalité routière, qui est d’environ 20%, on a au final une population de blaireaux qui va rester stable au fil des années. Et bien sûr, si l’impact de la chasse vient s’ajouter à cela, on a des possibilités d’avoir des populations de blaireaux qui vont diminuer », Emmanuel Do Linh San, Biologiste, spécialiste du blaireau.

Ainsi, les dégâts du blaireau occasionnés aux cultures sont très minimes et facilement évitables.

Aussi, cette espèce ne pose aucun problème pour la faune, sa prédation sur le « petit gibier » est très faible et tout à fait naturelle et nécessaire.

Du fait de la pression de la chasse, s’ajoutant à la mortalité liée au trafic routier, les effectifs sont en baisse. De ce fait, rien ne justifie la persécution du blaireau. Le blaireau est une espèce très fragile et c’est pour cela qu’il est protégé dans la plupart des autres pays : Espagne, Grande-Bretagne, Luxembourg, Italie, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Grèce, Irlande, Portugal, etc.

Mais manifestement, cela n’inquiète guère les chasseurs français qui continuent à le détruire, et qui vont même jusqu’à demander son inscription dans la liste des animaux « nuisibles ».