Les Lâchers de « Gibier »

Vous avez sans doute déjà aperçu, au bord d’une voie rapide ou au détour d’un sentier, un faisan ou un lièvre peu farouche au point de se laisser approcher à quelques centimètres, en quête de nourriture. Vous vous êtes peut-être dit alors que les animaux sauvages s’étaient enfin rendu compte que l’homme était leur meilleur ami…

Hélas non.

Ces animaux sont des animaux d’élevage, lâchés dans la nature en début de saison de chasse ou même parfois le matin même d’une chasse, afin de servir de cible aux chasseurs. Sans cela, il n’y aurait pas assez de « gibier » pour satisfaire tous les chasseurs. Et sans gibier, plus de chasseurs !

Des millions d’animaux sont élevés et lâchés pour servir de cibles à des hommes avides de jouer à tuer, et qui osent prétendre gérer la faune !

Vous avez dit « régulation » ?

Quelques chiffres

Actuellement, en France, il y a plus de 8000 élevages de « gibiers », dont environ 70 % sont adhérents au syndicat national des producteurs de gibier de chasse.

Voici les chiffres officiels du Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse (S.N.P.G.C).

Animaux élevés annuellement en France :

14 millions de faisans
5 millions de perdrix grises et rouges
1 million de canards colverts
120 000 lièvres
10 000 lapins de garenne
Sans compter les cerfs, chevreuils, sangliers et daims élevés pour être vendus à des enclos de chasse.

Seuls 70% des éleveurs adhèrent à ce syndicat et parmi les animaux lâchés, beaucoup proviennent d’importations des pays de l’Est.

Ces chiffres sont donc très inférieurs au nombre d’animaux lâchés dans la nature.

La presse diffuse régulièrement des articles à la demande des chasseurs. Voici des exemples de ce que l’on peut lire :

« 2500 faisans environ ont été tirés, mais près de quatre sur cinq proviennent de lâchers »,
Le Pays, 2 février 2009

« Le gibier avait été lâché le matin même. Sur 80 pièces, 66 avaient été tuées »,
La Voix de l’Aisne, 31 octobre 1992

« Les lâchers de perdrix et faisans auront lieu toutes les deux semaines à compter de l’ouverture »,
La Nouvelle République, 2003

Des animaux inadaptés à la vie sauvage

Ces animaux élevés et lâchés ne sont pas adaptés à la vie sauvage.

Ils sont pour la plupart très peu farouches et ne se méfient pas des prédateurs.

Ces animaux ont aussi souvent du mal à se nourrir, car ils ne connaissent pas leur biotope. Ils meurent souvent rapidement de faim ou de stress, voire écrasés sur la route..

Ils posent aussi un gros problème génétique, car ils détruisent la vraie souche sauvage.

Ils peuvent aussi représenter un risque sanitaire, car il a été constaté que ces animaux bourrés d’antibiotiques transmettent des maladies aux derniers individus sauvages restants.

Ainsi, ces animaux lâchés constituent un problème préoccupant : ils ne sont pas aptes à vivre en liberté et donc ne peuvent assurer l’avenir de l’espèce, mais pire encore, ils menacent les souches sauvages. La situation est encore plus catastrophique pour certaines espèces, pour lesquelles les chasseurs sont en train de tuer les derniers animaux sauvages (qui pourraient eux garantir une descendance viable pour l’écosystème) en se contentant de les « remplacer » par ces animaux élevés.

De même, les chasseurs s’acharnent à détruire systématiquement les prédateurs (renards, etc.), car ces animaux lâchés représentent un investissement et cela leur déplait très fortement que les prédateurs naturels « osent » manger quelques-unes de ces proies faciles.

Les lâchers de repeuplement

Il existe un autre type de lâcher, les lâchers « de repeuplement » et comme leur nom l’indique, ils ont pour but de repeupler certaines zones où le « gibier » a disparu (à cause de l’agriculture ou… de la chasse).

Cependant, ces lâchers sont très mal encadrés et posent donc les mêmes problèmes (génétiques, incapacité à se nourrir, proies faciles, etc.) De plus, ils sont très coûteux et le taux de survie n’est que d’environ 30 % ! Mais « heureusement », le renard est le parfait bouc émissaire.

Les lâchers de « repeuplement » ne sont donc ni plus ni moins que des lâchers de « tir », mais au lieu de lâcher les individus pendant la période de chasse pour qu’ils se fassent tuer immédiatement, les chasseurs leur laissent le temps de se reproduire, et donc la finalité reste la même : avoir davantage de cibles vivantes.

Elever, lâcher, tuer composent la « gestion de la faune » par les chasseurs.